[ASIE CENTRALE] LE COUP DE COEUR INNATENDU
[14/09/2018] – 6888km
« Moi je traine dans le désert depuis plus de 28 jours et déjà quelques mirages me disent de faire demi-tour […] Quand t’es dans le désert depuis trop longtemps… »
Oui ! 29 ans après, nous avons pris la relève du célèbre poète Jean-Patrick Capdevielle ! Pas de demi-tour prévu, mais par chance, la traversée du désert est quasiment terminée !
Nous sommes arrivés depuis mardi en Ouzbékistan, notre second STAN d’Asie Centrale après une traversée express du Turkménistan.
Mais pas si vite Marty ! Monte dans la DeLorean, enfiles ta ceinture et revenons un peu en arrière !
Nous vous avions laissé à Mashaad, Iran, après un voyage en bus de 14h (du miel !). Arrivé tôt le matin, nous devions filer jusqu’à l’ambassade du Turkménistan pour savoir si notre dossier de demande de visa déposé 3 semaines plus tôt à Bakou était accepté.
A partir de là, 2 choix devait s’offrir à nous :
1/ Visa accepté, on file jusqu’à la frontière pour 5 jours Turkmènes.
2/ Visa refusé, on chiale (pour de vrai), on prend un train jusque Téhéran pour faire prolonger notre visa pour trouver un bus vers Astara puis un train vers Bakou avant d’attendre x-jours un hypothétique ferry qui nous emmènerai jusqu’au Kazakhstan pour finalement prendre un bus jusqu’au sud de l’Ouzbékistan. Facile !
2bis/ Visa refusé. Comme on est juste à côté, on peut faire 100m et demander le visa Afghan. Ambiance !
Fort heureusement, cette année bénie pour le peuple français (Mise en Examen de Sarkozy, Enterrement de Johnny, Victoire au mondial,…) porte son influence jusqu’ici.
« Your visa is accepted mistèr »
Ouf !
Nous avons passé 3 jours à Mashaad, en compagnie de Sahab et sa petite famille d’universitaires, à rire, partager les repas (mention spéciale à Charlotte qui nous a préparé un délicieux « Farsi »Parmentier) et le thé, discuter de l’avenir du pays, etc…
Pour rejoindre la frontière avec le Turkménistan, nous avons préféré les services d’un petit Taxi plutôt qu’une longue route dans le désert de 200km. Une bien bonne idée, puisque ce taximan également « Tour-Guide » n’en était pas à sa première rencontre avec des cyclos français ! 22 ans plus tôt il accompagnait deux jeunes cyclistes équipés de leur vélo Peugeot jusqu’à la frontière Arménienne. Ces deux jeunes, vous les connaissez peut être, ce sont Sylvain Tesson et Alexandre Poussin. Les deux jeunes écrivains voyageurs en étaient à leur début, et relatent leur périple dans « On a roulé sur la Terre ». Au-delà de cette anecdote sympa, Rafi le taximan est intarissable sur la culture de son pays !
Rafi Khankhajeh : Contactez-le en premier sur son telephone mobile au +989152460870 puis par Whatsapp au +989372137669
Arrivés devant le poste frontière Iranien, il n’a fallu attendre que quelques minutes pour obtenir notre tampon de sortie du pays et franchir le no mans land d’un kilomètre jusqu’au premier poste de contrôle Turkmène.
Et là, quelle surprise ! Nous sommes accueillis par des militaires de 15 – 16 ans, habillés d’uniformes bien trop mal taillés, et coiffés de chapeau de cowboys couleur camo.
« Passeport ! » « where are you from » L’ambiance a de faux airs de malaise détendu, ou l’inverse, je ne sais pas trop.
Second poste frontière, le vrai cette fois. Empreintes, photo, visite médicale, taxe de 14$, fouille complète des sacoches. De petites mains curieuses retournent, scrutent, secouent le moindre de nos objets. Une femme secoue à son oreille la dizaine de boite de thon que nous emportons pour le trajet. Normal.
2 heures après la sortie de l’Iran et une fois assurés que nous ne venions pas poser des mines-boites-de-thon dans leur désert, la bande de pieds nickelés nous laisse entrer. « Welcome to Turkmenistan » qu’ils nous lâchent, sans grande convictions…
Nous roulons quelques kilomètres jusqu’au village le plus proche, avalons un déjeuner et prenons la vieille route direction Mary, à 200km. Chaleur torride et rien à voir sauf quelques plantations dans le désert. Nous roulons 70km sur une piste de plus en plus défoncée avant d’être stoppé d’abord par un nouveau contrôle des passeports au milieu de nulle part, puis par coucher du soleil à 19h30
Deuxième jour, à nouveau une piste sur-défoncée sur 40km. Nous faisons un stop le midi dans un petit village pour gouter l’ambiance, la bière et un pain de viande. On reprend l’après-midi pour 80km de cagnard le long d’une unique route empreintée par d’anciens camions soviétiques. Le soir, nous arrivons épuisés et assoiffés à Mary, plus grande ville de la province. Il fait noir, et sommes contraint de dormir sous un toit.
Le premier hôtel où nous nous rendons (le moins cher sur lonelyplanet), le patron nous invite à faire demi-tour et nous indique un hôtel à quelques centaines de mètres.
Là, pas de chichi, les prix sont clairement indiqués : 110 Manats 7,3$) pour les locaux et 46$ pour les touristes. Tu sens comme ça pue ? Nous, oui !
Juste le temps de cuisiner avec le réchaud à essence dans la chambre et nous nous effondrons de sommeil.
Troisième jour. Les jambes sont lourdes au réveil, nous prenons le petit déj’ de l’hôtel et quittons la ville beaucoup trop tard le matin. La chaleur est déjà torride. Clairement, on en a déjà raz la selle. On roule 30km avant de s’arrêter dans une petite ville. Là, se trouve une gare. Il ne nous faut pas trop de temps pour prendre la décision : nous prendrons un train pour rejoindre Turkmenabat 200km plus au nord. Nous passons l’après-midi à la gare, à essayer de comprendre les us et coutumes ferroviaires Turkmènes – c’est loin d’être évident !
On nous annonce un train à 21h, puis 23h, 2h00 et enfin 4h00. On ne comprend rien.
On nous propose un Taxi. 80$ pour réquisitionner deux véhicules de nuit. Non merci.
Enfin, après des heures d’attente et de cohue, Charlotte parvient à obtenir deux billets ! Nous prendrons le train de 23h00 et arriverons à 4h00 à Turkmenabat. Encore une bonne nuit s’annonce…
Quatrième jour. Un homme tire sur ma couverture dans le train couchette. Il me faut quelques secondes pour comprendre que c’est le contrôleur. Nous arrivons à Turkmenabat, il est 3h30. Descendus du train, les vélos chargés, nous partons finir notre nuit sur les bancs de la gare.
5h30, le soleil se lève, les policiers aussi, et nous, on peine. Heureusement, un contrôle de passeport nous aide à bien commencer la journée.
Je file aux toilettes de la gare. Dans ce cloaque pourri, trois hommes sont accroupis et chient dans un trou. Un muret d’un mètre de haut les séparent, aucune porte, mais une odeur pestilentielle et un spectacle sonore.
Je sors. « Allez Charlotte, on se casse ».
Nous partons boire un thé dans un parc bien trop propre et entretenu, où git au centre une statue dorée de l’ancien président Nyýazow, le « Türkmenbasy » c’est-à-dire « Chef des Turkmènes ».
Nous quittons enfin la ville de Turkmenabat en milieu de matinée.
Il nous reste 30km jusqu’à la frontière, et un fort vent de face se lève. Depuis le matin, Charlotte est malade, et la température extrême n’arrange rien : Il fait 51°c au soleil…
Après une longue pause déjeuner, nous reprenons la route pour les derniers 2km. Nous sommes sereins : quatrième jour de notre visa de transit de 5 jours, rien ne semble troubler la sortie du pays. Tu plaisantes ! Au premier poste frontière, les militaires Turkmènes, toujours plus jeunes, toujours en nombres, demandent à vérifier notre visa Ouzbek. Et là, ça coince : il y a une erreur de chiffre sur le numéro de passeport !
« Serial number problem, no exit, return Turkmenistan«
Je change de couleur, Charlotte me souffle de ne pas exprimer mon stress. On ne peut rester au Turkmenistan qu’un jour seulement, c’est bien trop peu pour une nouvelle demande de Visa Ouzbek. Alors on fait quoi ? On patiente dans le no mans land à la recherche d’une solution ? Impossible.
Nous leur faisons comprendre.
Quelques appels radio je ne sais où, du flottement, une situation à nouveau au sommet du ridicule : c’est bon, on peut passer, nous traiterons ce problème avec les autorités Ouzbeks.
Finalement, après à nouveau quelques contrôles du passeport, et une déclaration de douane, nous obtenons notre tampon de sortie du Turkmenistan.
Quelques mètres plus loin, les militaires Ouzbeks nous accueillent. D’allure bien plus professionnelle, ils ne prêtent même pas attention à « l’erreur » sur le numéro.
On discute football, ouvrons chacun une sacoche, et à leur demande, montrons sur notre appareil photo quelques photos de notre voyage.
Un tampon, et ça y est ! « Welcome to Uzbekistan »
Alors, le Turkménistan au final ?
Hé bien c’est trop difficile à dire, nous ne sommes resté que 4 jours dans le pays, dont à peine deux au contact des habitants. Ceux-ci justement, nous ont semblé tout à fait adorables, généreux et respectueux tout en étant également un peu curieux de notre aventure.
En tout cas bien différents des Iraniens, où certes nous avons été accueillis comme des rois des dizaines de fois, bombardés de questions, aidé au moindre signe d’interrogation ou de doute, mais où il régnait en permanence dans la rue un sentiment de malaise et d’oppression sourde.
Quant aux autorités Turkmènes, elles jouent parfaitement leur rôle dans un pays paranoïaque, jusqu’à la caricature de l’Etat policier. Les rues sont bien trop propres, les avenues trop larges et les bâtiments trop blancs pour ne pas avoir l’air d’un trompe l’oeil…
Voilà pour nos premiers pas de danse dans la valse des Stans. Nous nous sentons en tout cas très bien en Ouzbekistan, et devrions rester quelques jours à Boukhara, avant de prendre la route vers Samarcande, puis le Tadjikistan.
[30/09/2018] – 7200km

Bonjour de Samarcande, Ouzbekistan.
Peu de rebondissements par rapport à la dernière fois (il faut dire que c’etait très chargé), nous avons roulé tranquillement les 350km entre Boukhara et Samarcande avec, ô miracle ! le vent dans le dos. Quel plaisir de rouler à 30km/h sans appuyer comme des bœufs sur les pédales.
« Quoi ?! 350km en deux semaines ?! Mais qu’est ce que vous faites ?! » He bien nous avons encore une fois battu des records de glandouille, faisons le compte :
– 4 jours à Boukhara (mais 2 jours suffisent laaaargement) dans une guesthouse tenue par deux baboushka sauce soviét’. Tous les matins à 8h30, la mère se metait à tambouriner à la porte « Madam !? Brèkfeuuuust !!!! ». Un peu flippant, mais nois avons tous les deux eu notre bisou sur la joue en repartant. Tout est pardonné.
– 5 jours de vélo avec un petit detour par le lac de Todakol, une rencontre sympa avec des agriculteurs chez qui nous avons pris le petit déj (et partagé un nouveau dessin – celui de Lola !), le retour soudain d’un vieil ami : le syndrome du TFL (une tendinite du Fascia Lata trèèèès emmerdante qui ne m’avait pas rendu visite depuis plus de 6 mois), pile poil le jour de mes 29 ans et enfin la rencontre bien plus sympathique de deux amis cyclo Suisses que nous avions quitté en Iran.
– 9 jours (!!!) À Samarcande. Pourquoi ?!!!!
Plusieurs raisons. La première, c’est la beauté incroyable de la ville. Vous voyez les contes des milles et une nuits ? C’est là ! Le Registan en particulier est une merveille. Il faut dire que samarcande etait une des plaque tournante sur la route de la soie, situé entre l’Asie et le moyen Orient.
Seconde raison, Charlotte en bonne aventurière a voulu ouvrir une boite de confiture de lait avec un décapsuleur. Mauvaise idée : doigt ouvert, qui triple de volume le lendemain… On a pris le temps de soigner ça.
Troisième raison : on attend un colis de matériel pour affronter le froid glacial du Pamir. Celui ci doit arriver dans une petite semaine à Dushanbe, capitale du Tadjikistan, où nous devrions arriver dans… une semaine – on est synchro !

On a pris le temps de visiter la ville, de regler quelques bricoles mécaniques, d’avancer sur le gigantesque retard du site internet (Mashallah, appretez vous à voir debarquer l’article sur la Turquie, la georgie et l’Azerbaïdjan !!).
Je vous parlais juste avant de l’importance de Samarcande sur l’ancienne route de la soie, et bien nous aussi profité de tout leur savoir artisanal accumulé pour dénicher quelques pièces superbes en soie, laine et coton (Charlotte vous prépare quelque chose, si vous aimez la douceur et les jolies motifs, vous allez etre ravis). De mon côté, c’est le papier de Samarcande qui m’a bluffé.
*Instant culture*
Papier de Samarcande ? Koi koi c’est ?
« Selon les historiens, la fabrication du papier a commencé à Samarcande dans la deuxième moitié du 8e siècle après une offensive lancée par les troupes chinoises, défaites par les forces du général Abou Mouslim, du califat abbasside.
« Parmi les Chinois capturés, il y avait de vrais maîtres de la fabrication du papier », raconte Makhmoud Nasroullaïev, historien à l’Université de Samarcande. « Pour sauver leur vie, ils ont délivré leur secret du papier aux autorités de Samarcande ».
Mais à la différence de la version chinoise, le papier fabriqué à Samarcande avait une surface extrêmement lisse et brillante, qui absorbait moins d’encre et ses deux faces étaient donc utilisables.
Ce papier était aussi beaucoup plus résistant que le papyrus et au cours des siècles, il l’a remplacé progressivement en Europe et au Moyen-Orient.
Fabriqué en Ouzbékistan jusqu’au 19e siècle, « le papier de Samarcande était lissé à l’aide d’une pierre d’agate », raconte Zarif Moukhtarov. « Les Chinois n’avaient pas besoin de lisser leur papier parce qu’ils écrivaient avec des pinceaux et non avec des plumes. »
La recette ?
On fait d’abord tremper 10 jours dans l’eau les branches de bois de mûrier blanc (le même qui sert à nourrir les vers à soie), puis on enlève très rapidement l’écorce à la main.
Les branches sont ensuite mises à bouillir pendant 7 à 8 heures.
La pâte obtenue est ensuite ramollie en la broyant à l’aide de gros pilons actionnés grâce à une roue placée dans la rivière.
La pâte est ensuite filtrée dans des tamis et les feuilles sont pressées puis mises à sécher au soleil.
Il ne reste plus qu’à les polir de chaque côté avec une pierre d’agate, ce qui lui donne un aspect lisse et brillant.
Tellement bluffant qu j’ai décidé de vous faire partager !
Nous avons confectionné de petites enveloppes*dans lesquelles nous glisserons un petit mot personnalisé*, une photographie instantanée de l’aventure et un billet de banque du pays où nous nous trouvons. Nous enverons tout cela à votre adresse postale. Un sympathique cadeau, plus authentique qu’authentique !
*En papier de Samarcande.
RDV dans la rubrique BOUTIQUE du site !
[11/10/2018] – 7488km
Troisième pays dans la formidable danse des « Stan » : Здравствуйте de Dushanbe, tranquille capitale du Tadjikistan !
Après 11 jours de pause à Samarcande, il nous a fallut une poussée enorme pour nous arracher au semi-confort de la sédentarisation mais ca y est, la fusée TheGreatBikeAdventure prends doucement de l’altitude, et ce n’est qu’un debut, on vous explique !
« Allez, demain, on y va »
Haha, on la connait trop bien celle là ! À deux reprises nous avons repoussé notre retour en selle. L’arret du vélo quelques jours a ce pouvoir paradoxal de creer un manque physique et psychique, tout en provoquant une douce letargie qu’il est difficile de quitter…
Le Tadjikistan est pourtant de tous les pays d’asie centrale celui dont j’ai le plus rêvé… Dans ce petit pays, le plus pauvre des anciennes republiques sovietiques se trouve un trésor, le saint Graal de tous cyclistes…
Mais avant de tenter de se l’accaparer, il nous fallait rejoindre Dushanbe, la capitale « à taille humaine ».
50km depuis notre base de lancement en Ouzbekistan, et nous voilà au poste frontière de Penjakent, réouvert aux touristes depuis l’an passé, ca tombe à pic !
15 minutes chrono, deux tampons dans le passeport, et un chaleureux « Welcome to Tadjikistan » pour nous accueillir ! Une facilité déconcertante apres nos péripéties frontalières depuis quelques semaines.
Ça commence bien, et ça aurait été une réussite totale si ma tendinite n’etait pas revenue faire **** après à peine 1heure de selle !

Le soir même, alors que nous nous appretions à planter la tente pres d’un champ, l’agriculteur se pointe et insiste pour que nous le suivions chez lui.
Quelques mots échangés en Russe, un bon repas et pour finir une bonne nuit nous donne une belle indication sur la température locale : chaleureuse ! Comme si nous devions nous rassurer apres le drame de cet été…
À mesure que nous continuons notre route vers l’est les montagnes nous encerclent, jusqu’à former une gorge de part et d’autre des eaux turquoises de la rivière Zeravshan et Yaghnob
Un peu apres Penjakent nous rencontrons un groupe de cyclos à la pause du midi. Un couple polonais sur la route depuis 8 ans et deux amis allemands en selle depuis 2,5ans… On se sent comme de touristes à côté, mais sommes ravis des expériences et conseils partagés.
À Sarvoda, voyant que tout se goupille plutot bien (meme le genou reste docile avec quelques antidouleurs et une position de pedalage révisée !), on decide d’un petit bonus : nous quittons un temps la M34, route principale vers Dushanbe pour rejoindre le lac d’Iskanderkul. 50km A/R et une visite du lac. Facile ?!
Pas tant que ça. On arrive en debut de piste vers 14h30, pour 25km vers le lac. confiants.
Jusqu’à ce que nous croisions deux cyclos NZ : « Vous n’allez pas regretter le detour ! Le lac est splendide, la montagne grandiose, mais vous vous y prenez un peu tard aujourd’hui, nous avons mis 5h pour faire les 25km. La piste est défoncée et ca grimpe sec ! »
Un peu étonnés, on reprend la route, et en prenons plein les yeux ! C’est superbe !
Tellement que les photos et les pauses-« Whoua ! » nous font oublier l’heure : il est 17h30, le soleil se couche dans une heure, le temps se gâte et il reste 10km de grimpette à faire. « On terminera demain »
Une nouvelle nuit chez l’habitant et nous revoila sur la piste.
Nous mettrons 3 heures à souffler comme des bœufs pour grimper les 10km jusqu’aux 2400m du col qui mène au lac.
Piste défoncée, pente à 8-12%… Apres deux mois dans un desert plat, nos jambettes n’en peuvent plus mais la vue sur le lac bleu pétant est magique !
Charlotte qui affronte là sa première grosse grimpette s’en sort à merveille, ce qui nous rassure pour la suite
On restera dormir sur les bords du lac dans un camping « soviet-style » comme à l’apogée de l’URSS. Sauf que rien n’a bougé depuis !

Le lendemain le ciel est bas, la temperature a chutée sous les 5°c et une fine pluie tombe. Les Ardennes sans les pintes. Dur.
Alors comme on est malin, on réfléchit : « Quelle est l’heure optimale pour repartir du lac, grimper les 200m de D+ en 2km et descendre la piste cabossée jusqu’à la route principale (M34) ? »
On se décide finalement, et partons au pire moment, sous une petite tempete de neige. Bah oui, c’est qu’on est très malin !
Trempés et gelés dans la descente, nous sommes interpellés devant une grande ferme par un couple de cyclos canadiens que nous avions rencontrés la veille. Greg et Brit dorment là ce soir, et comme la générosité Tadjik est immense, la famille nous invite aussi pour le repas et une nuit au chaud (et au sec !). Des sucreries, des patates à l’huile et du « Spirit » (leur alcool artisanal qui sert surement aussi à decoller la tapisserie…). Parfait.
Finalement le 9 Octobre sous un ciel à nouveau bleu et les sommets chargés de neige, nous reprenons la route vers Dushanbe. À Takfon nous levons le pouce pour trois raisons :
– éviter une grimpette de 1000D+ à cote des camions
– gagner du temps et rejoindre Dushanbe pour la nuit
– ne pas traverser à velo le « tunnel de la mort » ou tunnel d’Anzob, un tunnel de 5km financé par l’etat Iranien, à peine achevé, sans ventillation et quasiment sans éclairage.
Une bien bonne idée, puisque même dans le petit camion de Muslim, le tunnel nous apparaîtra flippant !
Nous sommes depuis arrivé à Dushanbe pour quelques jours de preparation.
« Et préparer quoi ?! »
Je vous parlais au debut du Saint Graal pour les cyclistes… Hé bien il est devant nous, c’est la route du Pamir (M41) ou « Pamir Highway » pour les intimes. 1200km dans les montagnes désertiques du massif du Pamir (la fin de la chaine des Himalayas), plusieurs cols à 4000m et bien plus de joyeusetés encore…
Mais nous reviendrons bien plus longuement sur cette route légendaire, dès que nous aurons fait quelques tours de roues dessus…
Qualité des routes
Turkmenistan : 3,5/5
La portion de piste Sarakhs (ville frontalière) – Denizhan est en mauvais état : ça commence avec un revêtement ancien et quelques nids de poules, puis continue jusqu’à la tôle ondulée, du sable et l’absence complète de revêtement.
Cette portion est évitable : il suffit de suivre la nouvelle M37 (une 2×2 voies en bon état) qui file jusque Turkmenabat, mais ça rallonge de 58km… Alors route défoncée plus courte ou route en bon état plus longue ? Je pense que la durée est finalement la même. Seule la direction du vent peut aider à prendre une sage décision…
Quant au trafic, il est nul sur l’ancienne piste, et faible sur la M37 (se densifiant tout de même aux abords des villes). Rouler en sécurité au Tadjikistan n’a pas été un problème.
Ouzbekistan : 2/5
Nous avons privilégié les grands axes entre Alat (frontière
avec le TM) et Boukhara puis entre Navoï et Samarcande, et avons été surpris de
voir une route en si mauvais état. Pas ou peu de bande de sécurité le long des
routes, un revêtement parfois ondulé, parfois très abimé. Il faut ajouter à
cela un trafic assez dense entre Boukhara et Samarcande…Et quasi rien à voir
à part des champs de coton !
Entre Boukhara et
Navoï nous avons pris le réseau secondaire pour faire un détour vers le lac de
Tudakul. Le revêtement est un tout petit peu plus mauvais que sur les grands
axes, mais la circulation y est nulle. Une bonne alternative donc, si le timing
le permet.
Espérons qu’avec l’essor
du tourisme dans le pays, les infrastructures routières évoluent.
Tadjikistan (hors Pamir) : 3,5/5
Nous avons été agréablement surpris par la qualité de la route sur le début du voyage Tadjike. La M34 de Penjikent à Douchanbé est un billard et le trafic est faible au moins jusqu’Ayni. Le nombre de camions augmente à partir de Ayni, puis à Takfon où un convoi incessant de camions chinois vide le charbon des entrailles de la montagne…
Sur la M41, de Douchanbe à Obigarm, la route est encore en bon état, et le trafic va decrescendo. Pour la suite… rendez-vous sur l’article du Pamir !
Le détour par le lac d’Iskanderkul nous a donné un bon aperçu des routes du Pamir : la piste est défoncée, et les pourcentages s’envolent ! Heureusement le panorama est splendide, et le trafic très faible.
Accueil :
Turkmenistan : 4/5
Encore une fois, nous ne sommes resté que quatres jours dans le pays, bien trop peu pour se faire un avis. Mais il est important de noter que malgré tout ce qu’on dit sur ce petit pays, nous avons ressenti que la pression iranienne s’était envolée. Adieu la tenue vestimentaire imposée, l’omniprésence du religieux, et… ce fut aussi le retour de la bière !
Alors oui, la présence militaire frole la paranoïa, oui les touristes payent parfois 5 à 10 fois le prix reservé aux locaux, mais nous retiendrons surtout les sourires des Turkmènes, leur volonté d’échanger avec nous et leur aide à la gare pour nous dégoter un billet.
Ouzbekistan : 4/5
On prend la recette Turkmène, et on l’améliore ! Les habitants ont été curieux sans être intrusifs, généreux avec des kilos et des kilos de fruits distribués sur la route, parfois même nous avons été acceuilli pour la nuit.
L’ambiance est tout de même differente dans les villes touristiques où le touriste est pris pour un pigeon, mais ça, ce n’est pas nouveau…
Tadjikistan : 4,5/5
Encore une fois, on place le curseur un peu plus haut. L’acceuil est aussi bon qu’en Ouzbekistan, mais en plus détendu, plus chaleureux encore. Et plus nous avencions dans les montagnes – où la vie est rude – plus la population était amicale et généreuse.
Eau / Nourriture :
Turkmenistan : 1/5
Nous sommes arrivés dans le pays avec assez de nourriture pour les 5 jours, et la seule chose que nous avons gouté était un pain de viande, qui a vraisemblablement rendu charlotte malade…
Les épiceries servent toutes la même chose, c’est à dire quasiment rien : quelques biscuits, trop peu de légumes, et le minimum vital.
L’eau du robinet que nous buvions sans problème en Iran ne nous a pas inspiré confiance ici.
Ouzbekistan : 3/5
Plov ! Somsa ! Baltika ! Ce sont les trois mots
indispensables à la survie en Ouzbekistan. Nous avons retrouvé avec plaisir une
nourriture variée et savoureuse dans ce pays, ce qui n’était pas arrivé depuis
la Géorgie !
L’offre dans les
magasins et sur les marchés était vraiment variée, et nous avons goutté le
MEILLEUR raison noir !
Revenons aux
basiques :
– Le Plov : Le plat
emblématique du pays ! A base de riz sauté, de légumes (pois chiche, carotte,
ail), de viande de mouton et d’épices. Simple mais terriblement efficace !
Parfait pour enchainer les kilomètres.
– Les Somsas :
petites (ou grosses !) friandises de pâte feuilletée renfermant de la viande de
mouton, du gras – beaucoup de gras -, des épices et de l’oignon. Normalement
servi chaud avec une petite sauce tomate. Un délice !
– La Baltika ? Rien
de bien exceptionnel, mais il faut bien une petite bière pour faire passer tout
ça ! La baltika est la bière importée de Russie la moins mauvaise que nous
ayons gouté. Attention, seule la Baltika n°9 (8%) vaut le détour.
Tadjikistan (hors Pamir) : 2,5/5
La recette est plus ou moins la même qu’en Ouzbekistan, Asie Centrale oblige ! Les épiceries, encore bien présentes dans l’est du pays, proposent un choix de plus en plus réduit, mais nous avons réussi à trouver des fruits et des légumes en quantité jusqu’à la mi-Octobre.
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